Elle a parfois le don de gâcher vos balades en forêt ou dans les champs. Photo d’illustration © Sabrina

Source L’éveil de la Haute Loire 23 mars 2018

Les tiques, la maladie de Lyme, les moustiques tigres en embuscade avec le retour des beaux jours

Avec le retour des beaux jours, il convient de jouer la carte de la prévention, concernant les tiques, les moustiques et les maladies qui les accompagnent. Un biologiste témoigne.

L’hiver est à peine terminé, qu’on aspire au printemps et à l’été. Récemment, Pierre-Luc Rigaud, biologiste médical, était invité par l’université pour tous de Brioude, pour aborder des sujets prenant de plus en plus d’ampleur dans les conversations estivales : la tique et sa maladie de Lyme, puis, dans une moindre mesure, le moustique tigre (voir par ailleurs) et ses trois principaux virus (chikungunya, dengue et zika). Plus de deux cents personnes se sont rendues à ce rendez-vous, lors duquel une petite tique s’est taillé la part du lion…
D’où vient la maladie de Lyme ?

La borreliose de Lyme est du à une bactérie, la borrelia burgdorferi, qui doit son nom à celui qui l’a découverte, l’Américain Willy Burgdorfer. Celui-ci l’a aussi liée à la maladie de Lyme, découverte en 1975 dans la ville de… Lyme (Connecticut). Maladie vectorielle, elle n’est pas contagieuse mais transmise par l’intermédiaire d’un hôte : la tique, acarien hématophage de plus en plus visible dans nos campagnes. « Le réchauffement climatique est pour quelque chose dans la multiplication des tiques et le développement de la maladie de Lyme », affirme le conférencier. « Les tiques ne sont pas toutes infectées. Elles prennent la bactérie au contact de petits rongeurs. Dans les années 90, il y avait une tique sur dix porteuse de borrellia. Maintenant, on est davantage à une sur deux. »

Où sont les tiques ?

On les trouve dans les bois, de mars à l’automne, notamment sur des brins d’herbes. Les tiques parasitent une grande variété d’hôtes. Les chevreuils sont, selon Pierre-Luc Rigaud, de grands pourvoyeurs de tiques. Et peuvent ainsi être utilisés comme marqueurs des lieux de présence de ces acariens. Les tiques ne sautent pas ; elles se laissent tomber.
Tiques et risques

Pour être infecté par la maladie de Lyme, il faut que la tique morde. La morsure est majoritairement indolore. Plus la tique reste attachée longtemps à se repaître du sang de son hôte, plus elle risque de transmettre l’agent pathogène de la maladie de Lyme.

Comment savoir si l’on a été infecté ?

« Le diagnostic est difficile parfois. Il repose sur un faisceau d’arguments cliniques et biologiques. Tout d’abord il faut savoir si l’on a été piqué par une tique. Ensuite, il faut surveiller l’endroit de la morsure. Si un érythème migrant apparaît (une tache rougeâtre qui grandit autour du point de morsure prenant ensuite parfois la forme d’un anneau ou d’une tache entourée d’un anneau, NDLR), il y a de très forts risques d’être infecté. » Ensuite, il y a des tests biologiques à faire effectuer en laboratoire. Pour Pierre-Luc Rigaud, « c’est une maladie sous-diagnostiquée. Les chiffres donnent 20.000 à 50.000 cas par an en France, on est probablement plus entre 50.000 et 80.000. »

« La maladie de Lyme est sous-diagnostiquée »

Les symptômes et les risques

La maladie de Lyme n’est pas mortelle, mais avec le temps, elle peut devenir très sérieusement incapacitante. Dans sa première phase, celle de l’érythème migrant, elle peut provoquer maux de tête permanents, douleurs musculaires et articulaires, perte d’audition, fatigue, fièvre… Dans sa phase secondaire, plusieurs semaines ou mois après la disparition de l’érythème, elle peut se manifester par des douleurs articulaires plus sévères, notamment au niveau des genoux, mais aussi une paralysie faciale périphérique. Au stade tertiaire, les symptômes s’aggravent et la maladie peut toucher de nombreux organes (nerfs, yeux, tendons, articulations, muscles, cœur…).

Les traitements

Ils sont à base d’antibiotiques, plus ou moins forts pris pendant plus ou moins longtemps. « Pris dans sa première phase, la maladie peut être traitée dans 90 % des cas », assure le conférencier.

Prévention

Pour éviter la contamination, Pierre-Luc Rigaud a donné quelques conseils pour ceux qui n’ont envie d’éviter sous-bois et herbes hautes. « Il faut porter des vêtements couvrants et fermés et des chaussures fermées. Voire mettre son pantalon dans ses chaussettes ! Il est très important, après la promenade, d’inspecter son corps pour voir si une tique n’est pas passée. S’il y en a une, il faut l’enlever, puis désinfecter. Il ne faut surtout pas désinfecter avant d’enlever la tique, elle risquerait de régurgiter ce qu’elle a avalé et d’augmenter le risque de contamination. Pour enlever la tique, privilégier un tire-tique, disponible en pharmacie, ou une petite pince en attrapant la tête de la tique et en la faisant tourner pour ne pas risquer de briser le rostre enfoncé dans la peau. Ensuite, il faut marquer l’endroit de la morsure et le surveiller pendant un mois.

Prédateur ?

Une personne s’est demandée si la tique avait un prédateur. « Des oiseaux, peut-être, estimait le conférencier. Mais leur plus grand prédateur, c’est le froid, comme les gelées de ces dernières semaines. »

Par Pierre Hébrard

https://www.leveil.fr/puy-en-velay/sante/2018/03/23/les-tiques-la-maladie-de-lyme-les-moustiques-tigres-en-embuscade-avec-le-retour-des-beaux-jours_12785154.html#refresh